Alors que le Ministère des droits des femmes existe de nouveau grâce à François Hollande, nous assistons à un féminisme français qui s’engouffre dans un radicalisme inquiétant depuis ces dernières semaines.

On pouvait déjà noter une nouvelle tendance à l’époque de l’affaire DSK en lisant certains panneaux n’appartenant pas aux organisatrices lors des différentes manifestations qui allaient bien plus loin qu’une simple revendication féministe et qui frôlaient parfois même l’antisémitisme.

Le féminisme français serait-en train de suivre l’esprit de radicalisme qui touche les religions ? Est-ce notre société qui fabrique ces excès ? Est-ce ce besoin chez certaines de visibilité permanente dans les Médias, est-ce diktat de communication à tout prix ? Est-ce la faute de ces réseaux sociaux qu’il faut alimenter sans cesse ? Derrière tout cela, n’est-ce pas juste l’expression surtout d’une profonde révolte et d’un ras le bol de certaines d’entre nous qui, malgré des années de militance, ne voit rien avancer en matière de droits des femmes!

N’oublions pas que les affaires de harcèlement se multiplient et que les viols et violences sont toujours en augmentation !

Que penser de « la Barbe », mouvement qui se proclame d’ailleurs « activiste » et qui débarque partout où les femmes sont sous-représentées ? Que dire de « la Marche des femmes » qui à chaque actualité manifeste dans la rue ? Et que penser de ce « camps d’entrainement » Femen arrivé soudainement en France ? De leurs déclarations lorsqu’elles disent vouloir « émasculer elles-mêmes les auteurs de viol ? » sans oublier leurs seins à l’air devant des forces de l’ordre éberluées et des passants « ravis de voir de jolies filles toutes nues » !

Ont-elles raison d’utiliser leurs attributs féminins comme armes de communication, ceux à cause desquels elles sont harcelées ou violées ?

Le droit des femmes et tout le travail quotidien des associations n’est-il pas en train d’être mis en danger par ce groupuscule soutenu par certains Médias qui trouvent de la matière pour créer du buzz ?

Parce qu’aujourd’hui il faut vendre des journaux, faire du sensationnel, aller de plus en plus loin en matière d’image, créer des polémiques afin d’exister.

Alors vers quoi se dirige aujourd’hui le féminisme français ?

Va-t-on comme Sampat Pal, féministe indienne, devoir aller frapper les maris violents avec un bâton et une armée d’amazones ?

Va-t-on comme les Asgarda, féministes ukrainiennes, devoir vivre dans les montagnes en pratiquant des arts martiaux ?

Après la journée où nous étions toutes censées porter une jupe, oser parler de notre clitoris, après la barbe et les seins nus, devrons-nous nous enlever notre petite culotte au nom de notre droit à l’égalité ?

Après avoir réussi à faire évoluer l’image des féministes, qu’en est-il aujourd’hui ?

Il n’y a pas si longtemps, nous passions auprès de certains réacs pour des « hystériques », des « farfelues », des « vieilles filles moches avec de grosses lunettes » dixit à mon égard un journaliste d’RMC.

Nous nous sommes battues suffisamment, et nos arrières grands-mères suffragettes bien plus que nous, pour montrer aux hommes que nous étions leurs égales à tous les égards pour régresser aujourd’hui ainsi.

Si le fait de brûler son soutien gorge à une époque avait un sens symbolique, si le fait de marcher en soutien-gorge lors des slut walk aux Etats-Unis reste encore un symbole au regard de leur rapport à la nudité, aujourd’hui en France, il n’en est rien. Se mettre nu n’est plus digressif. Cela vous donne juste le droit de passer au zapping, rien de plus.

N’est-il pas plutôt préférable de gagner la bataille en faisant émerger nos idées, en mettant du fond à nos revendications, en créant des débats de société, en matraquant nos messages au sein des Médias et des instances de pouvoir ? N’est-il pas venu le temps de lancer un grand Plan Marshall de l’égalité salariale afin d’en finir une fois pour toute avec ces écarts de salaires entre hommes et femmes qui sont toujours de plus de 25 %.

Et pourquoi ne pas réunir toutes ces associations afin de créer un véritable lobby féministe puissant qui changerait le rapport de force entre hommes et femmes !

Je reconnais que le féminisme philosophique et un peu pantouflard de nos chères doyennes devait évoluer mais fallait-il le faire évoluer vers une idéologie radicale allant jusqu’à parfois la caricature de nous-mêmes ?

Est-ce comme cela que nous changerons le quotidien des femmes, et je pense particulièrement à ces familles monoparentales précaires !

Quand aux victimes de viols et de violences, se reconnaissent-elles véritablement dans ce genre d’action féministe coup de poing ?

Je ne le crois pas.

Alors je pense qu’il est temps de laisser nos jupes au vestiaire, de remettre nos soutiens-gorges en laissant notre clito s’exprimer dans sa sphère privée et d’oser enfin parler de nos idées afin de conquérir cette pleine égalité dont nous sommes toujours privées en France.

Olivia Cattan