Cosmopolis : « Un road movie sartrien et urbain ».

By Olivia Cattan — juin 05, 2012

Critique de la société de consommation, David Cronenberg nous dépeint la vie d’un analyste financier qui, suite à une erreur d’évaluation sur le cours du yuan perd des millions et tous ses repères.

Tout sa vie semblait pourtant parfaite, chaque prévision financière l’était tout comme sa vie personnelle. Tout était sous contrôle jusqu’à son mariage avec une jeune-femme à la plastique parfaite  et à la fortune identique à la sienne.

Tout devait être prévisible, sa sécurité comme sa santé qu’il contrôle chaque jour par un check up complet.

Et ce matin-là alors qu’il sombre, il  n’a qu’une obsession se faire couper les cheveux à l’autre bout de la ville. Seul obstacle qu’il refuse d’admettre, la vile est paralysée suite à la visite du Président des Etats-Unis. Mais il s’obstine, malgré une menace d’attentat qui pèse sur lui.

Dès le début du film, on entre dans le film, en entrant dans sa limousine où ses rendez-vous se succèdent avec une théoricienne financière, un rappeur, un médecin, une de ses maîtresses…

Toujours en recherche de sensations fortes, il consomme les aventures sexuelles dans des hôtels de passe et dans sa limousine.

Alors que le chaos l’entoure, il poursuit ses obsessions : acheter une chapelle, posséder son épouse qui se refuse à lui, se faire couper les cheveux.

Il finira par tirer à bout portant sur son garde du corps pour reprendre sa liberté peut-être parce que tout lui échappe.

Poursuivi par un homme, un ancien employé qui veut l’assassiner, il finira sa course dans un face à face psycho-philosophique qui l’amènera à se tirer dessus et à comprendre pourquoi il en est arrivé là.

Le sens de ce film nous sera ainsi délivré : Le bonheur est dans l’imperfection et dans l’imprévisible,  non dans le contrôle et la possession et le plus important le bonheur n’est pas capitaliste.

Toute cette folie capitaliste n’ayant qu’une finalité, la mort de l’homme et de l’humanité, symbolisée dans le film par la figure métaphorique du rat.

Un film bien mené qui monte en puissance. Un script très élaboré. Une bande originale très réussie signée Howard Shore à la fois planante et chaotique. Une galerie de personnages laissant transparaître la laideur de l’homme gros, qui transpire, qui vieillit, plein de cicatrices, de rancoeurs et de peurs. Chaque détail étant une clé, un symbole à la bonne compréhension du film.

Un Robert Pattinson à la hauteur de ce rôle qui montre encore aujourd’hui les différentes palettes de son talent et dont la beauté perverse devient presque repoussante à la fin du film.

Quelques scènes cocasses avec un Mathieu Almaric déguisé en entartreur et une visite médicale poussée qui nous apprendra que la prostate de notre héros est asymétrique, un détail qui prendra son sens à la fin du film.

Plusieurs références à la fois littéraires et médiatiques. Cela fait penser à la fois à un huit clos de Sartre, un huit-clos qui se passe dans l’ambiance confinée et étouffante d’une limousine mais aussi à une histoire plus récente, celle de l’affaire DSK.

Un homme puissant qui vit à cent à l’heure, ayant tout pouvoir, pensant avoir le contrôle de tout, pratiquant le sexe à outrance dans les bas fonds et les sensations fortes pour se sentir de nouveau humain et peut-être juste normal. Un homme prêt à dépasser les limites pour satisfaire son besoin de posséder tout à n’importe quel prix.

Un film philo-intello, sexuel et violent, fait de chair et de sang qui ne plaira pas à tout le monde.

Olivia C.

A propos de la Wonder

Olivia Cattan

Présidente de l'association Paroles de Femmes.

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